Jour 12 : deuxième tentative
Ce qui devait
être une journée de repos s’est transformé en marche d’approche
vers le camp d’altitude. Le mauvais temps est passé plus vite
que prévu. Dans la nuit déjà, on aurait pu se douter de ce changement de
temps, tant il a fait froid. Le vent a balayé les nuages, laissant derrière
lui un ciel constellé d’étoiles, et un air vif: -2° dans ma tente, à
minuit.
Au petit-déjeuner, le débat s’installe. Doit-on tenter le sommet
entre aujourd’hui et demain ou doit-on attendre que le beau temps
s’installe et profiter ainsi d’un repos mérité? Dure
question. Chacun y va de son point-de-vue et c’est Stéphane qui
tranchera le premier. Pour lui c’est clair, il reste au camp de base.
Ses séjours difficiles en altitude lui font renoncer à toute tentative.
Sage décision, courageuse aussi, car elle met au placard fierté, sacrifices
et biens des rêves. Tony est le plus décidé à battre le fer pendant
qu’il est chaud et veut en finir avec ce tas de caillou. Pierre-Yves
et moi sommes un peu plus mitigés. Il est vrai qu’une journée de repos
dans la douceur du camp de base annihile pas mal d’ambitions.
Finalement, nous décidons de monter à Nido aujourd’hui même. Ce sera
donc notre deuxième tentative en 48 heures.
Au moment de quitter le camp de base, une rencontre avec les champions
italiens nous conforte dans notre décision. Eux aussi ont prévu de
s’attaquer au record demain. Ils partiront à 8h du matin de
l’hôtel, ce qui fait qu’ils risquent d’atteindre le
sommet aux alentours de midi. Avec un peu de chance, nous nous trouverons
au sommet en même temps. Pour l’heure, dans la montée vers Nido, nous
prenons un peu plus de temps et nous rejoindrons notre bivouac
d’altitude en 5 heures. Je me sens en parfaite santé et le soleil qui
brille achève de mettre mon moral au beau fixe.
A Nido, l’équipe d’assistance des Italiens a pris position près
de nos tentes. Elle se chargera demain de ravitailler les coureurs pendant
leurs efforts. Les prévisions météorologiques sont bonnes. Tout le monde
s’accorde à dire qu’il fera beau. Et, il n’y a pas
de raisons d’en douter puisque l’équipe d’assistance est
reliée par radio à l’hôtel, qui lui-même est relié au service météo
de Mendoza. J’espère seulement qu’il ne fera pas trop froid,
surtout pour mes orteils qui ont déjà souffert avant hier. Nous avons fait
chauffer de l’eau, mangé et bien bu. J’ai pris une aspirine,
histoire de bien dormir… et j’ai sombré dans des pensées qui
m’ont tenu éveillé la plus grande partie de la nuit.
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