Jour 5 : Marche d'approche vers le camp de base
Que la journée
fut longue! Une vingtaine de kilomètres avec 25 kilos sur le dos, ça laisse
des traces. Partis les derniers de "Confluencia", nous arriverons
les derniers à "Plaza de Mulas", 8 heures plus tard,
fatigués mais contents.
Tout a
commencé par une montée raide vers la source qui alimente en eau potable le
camp de "Confluencia." Si je devais revenir un jour dans les
parages, c'est exactement là que je camperai, loin du monde. Peu après, on
accède à "Playa ancha", un vaste plateau désertique, fait
de sable et de gravier avec en point de mire, tout là-bas, le "Cerro
tres dedos" (la montagne aux trois doigts) qui marque, pense-t-on, la
fin du plateau. La première pause, derrière un énorme rocher posé au beau
milieu du désert, est la bienvenue. D'abord pour se partager une maigre
collation, mais surtout pour s'abriter du vent infernal qui souffle contre
notre progression. Pourtant le moral est au beau fixe. L'air, débarrassé de
toutes impuretés par le vent, rend le panorama plus net et les couleurs
plus contrastées. Après la pause, les choses se corsent, le désert devient
monotone, puis, au détour du "Cerro tres dedos", je m'aperçois
que le plateau se prolonge encore de quelques kilomètres. Le sable et le gravier
se transforment en cailloux et le chemin jusque-là bien marqué se perd dans
les alluvions d'une rivière en furie, qu'il faut franchir à plusieurs
reprises.
La pause suivante, au début d'une montée, est aussi la bienvenue. Cette
fois, elle permet de soulager le dos et de prendre des forces avant les 700 mètres de
dénivelé qu'il reste à parcourir. Le mauvais temps arrive aussi, sans
prévenir, avec de la neige. La température baisse à mesure que nous montons
vers la "Subida de la muerte" (la montée de la mort),
dernier obstacle avant le camp de base. Cet à-pic porte bien son nom au
regard des squelettes de mules qui bordent le sentier. Et puis, qu'est-ce
qu'elle est raide! La neige a cessé, les épaules tirent, si bien que nous
décidons de passer la nuit à l'hôtel plutôt que de rejoindre le camp, de
monter les tentes, de faire à manger, la vaisselle…
Malheureusement, nous nous trompons de chemin et, plutôt que de rejoindre
l'hôtel, nous nous en éloignons, pour arriver finalement au camp de base.
Enfin, ce détour nous aura permis de nous rassurer. Nos bagages sont là et
Bruno nous a déjà réservé les meilleurs emplacements pour nos tentes. Et
nous partons pour l'hôtel, son confort très sommaire - il y fait un
froid de canard, jusque sous les couvertures - et sa platée de lentilles. A
table, nous partageons le repas avec une ribambelle d'alpinistes, dont
quelques célébrités. Mais ça, nous ne le savons pas encore.
|