Jour 1 : Buenos Aires - Puente del Inca
Le voyage
jusqu'à Puente del Inca, dernier point de civilisation avant l'entrée du
parc national de l'Aconcagua, fut long mais confortable. Dans l'avion,
chacun de nous a pu dormir royalement, quatre sièges par personne c'est
rare sur un transatlantique, mais qu'est-ce que c'est agréable… Comme
à Buenos Aires, il faut changer d'aéroport pour les vols internes,
nous survolons à nouveau la ville, à bord d'une navette qui n'a de spatiale
que la route sur laquelle elle circule. Véritable tranchée dans les
buildings, l'autoroute surélevée coupe la ville en deux. Envol pour Mendoza.
Quadrillée en calle et avenidas, Mendoza ressemble bien à une ville
sud-américaine, mais ici, les rues et les avenues sont toutes bordées d'arbres.
Mais nous ne profitons guère du charme de la ville car nous avons à faire:
trouver un hôtel, se renseigner à l'office du tourisme, aller chercher le
permis d'ascension (120$), acheter des bouteilles de gaz, des piles pour
les lampes frontales et enfin, goûter au cabernet sauvignon et à la viande
argentine.
Le lendemain, le stress reprend: refaire les sacs car nous avons changé
d'avis (plutôt que de suivre la voie des polonais, nous optons finalement
pour la voie normale, plus sûre et en meilleure condition), faire les
courses (près de 100 kg de victuailles), régler l'hôtel et foncer au
terminal des bus pour prendre le seul bus de la journée, celui de10h00 du
matin.
Enfin un peu de calme. Nous remontons une longue vallée. A chaque virage,
le décor, bien que très aride, change. De temps à autre, des vigognes
mettent une touche de vie dans ce paysage immobile et me tirent de ma
rêverie. Puente del Inca (pont de l'Inca), quelques kilomètres avant
la frontière chilienne, c'est notre nouveau point de départ. Nous
déchargeons nos kilos de bagages et cherchons un logement. Le choix est
vite fait: une cabane minuscule ou une petite chambre dans un hôtel à 80$.
Finalement, c'est Osvaldo qui nous propose la meilleure solution en
négociant pour nous une nuit dans la caserne militaire. Pablo, l'intendant
de la caserne, nous accueille dans son univers et son gros nez rouge ne
laisse pas du tout présager que nous avons à faire à une légende de
l'alpinisme. Pablo Palacios Glatt! Il a réalisé la seconde ascension de la "super
canaleta" au Fitz Roy, plusieurs faces sud à l'Aconcagua, il a aussi
côtoyé Gaston Rebuffat, Lionel Terray dans des expéditions dans les Alpes
et en Himalaya.
La relaxation continue dans la source d'eau chaude du pont de
l'Inca. Malheureusement, la plus grande partie de la station thermale est
en ruine, détruite par une avalanche. Hormis une construction rappelant les
Incas, il reste une baignoire naturelle à l'air libre… et nous
plongeons nos pieds jusqu'au coucher du soleil.
|