Jour 6 : Journée de repos au camp de base
J'ai mal
dormi. Il a fait froid, j'ai eu soif toute la nuit et les lentilles du
souper ont fait leur effet chez tous les occupants de la chambre… Et
puis, c'est énervant de voir les copains dormir alors que je tourne et me
retourne dans le lit.
Au petit-déjeuner, j'apprends que nos voisins de table d'hier soir sont de
véritables stars du ski alpinisme. Cette équipe italienne est
préparée pour battre le record d'ascension de l'Aconcagua, détenu par des
militaires français depuis 1992. Temps à battre: 4 heures 36 minutes, de
l'hôtel au sommet. Il y a Jean Pellisier, une valeur montante de la
discipline, Bruno Brunod, qui détient le record d'ascension du Cervin et
Fabio Meraldi, qui détient plusieurs records (Shishapangma, Mont
Blanc…) mais surtout 9 victoires dans la célèbre Pierre-à-Menta. Il
me vient alors l'idée de réaliser une interview, mais ce sera pour plus
tard.
Pour l'instant, nous devons penser à installer notre camp. Et nous voilà
parti pour "Plaza de mulas", le camp de base. Dernier détail, je
grave mon nom sur l'autocollant qu'un très bon copain équatorien a collé
sur la porte de l'hôtel. Sierra Nevada! Que de souvenirs me reviennent à
la simple vue d'un autocollant… Pour rejoindre le camp de base, il
faut traverser un vaste plateau et nous dévions vers un belle lagune bleue,
dans laquelle se reflète les pics avoisinants.
La deuxième partie de la journée est entièrement consacrée à l'aménagement
du camp de base. Pour ma part, j'ai choisi le bord du ruisseau, juste en
face du départ de la voie. Pierre-Yves et Stéphane sont derrière moi, à
côté de la tente mess que surveille Bruno, l'employé de l'agence qui nous a
loué les mules. Tony est à l'écart. Il craint le vent et il passe son temps
à empiler des pierres autour de sa tente. Le mur devient forteresse et les
Italiens avec qui il cause n'ont pas de peine à croire qu'il est lui aussi
à moitié Italien, car selon l'aveu d'Antonio Carel: "tous les Italiens
sont un peu maçon." Antonio Carel, guide de haute montagne, accompagne
les trois champions et il nous arrange l'interview
que je souhaitais faire.
Début de soirée, Bruno nous accueille dans son "resto" pour
l'apéro. Nous discutons stratégie: comment envisager l'ascension, en
combien de temps, établirons-nous 1 camp d'altitude ou 2…? Une chose
est sûre, nous monterons demain à 4800 mètres pour
déposer une partie du matériel et puis, nous redescendrons. Il nous vient
alors l'idée d'une fondue. Ni une, ni deux, les patates sont sur le feu,
Bruno nous dégote du pain et Pierre-Yves s'attelle à la fondue
(Gerber). Le moral est au beau fixe. Nous sommes tous en pleine forme et
personne ne ressent l'altitude. Nous faisons même des envieux, tel ce
Suisse de passage pour la clé des toilettes (chimiques, sous une toile de
tente à l'extérieur), qui n'en croit pas ses yeux: "une fondue ici!
Quelle bonne idée!" Ananas pour dessert, thé, abricotine, partie de
rigolade, petit tour vers l'eau glacée de la rivière et je me glisse dans
mon sac pour d'autres rêves.
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