Au sommet des Ameriques (4)

 

Aconcagua, le plus haut sommet des Amériques (6962 mètres)

Expédition réalisée en bonne compagnie, entre janvier et février 2000.

Journal de bord, en 14 épisodes.

 

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Jour 4 : Marche d'acclimatation vers Plaza Francia

Jusqu'ici, cette journée aura été la plus belle de toute. D'abord, parce qu'aucun nuage n'a voilé le soleil tout au long de la journée et ensuite parce que nous avons traversé des paysages extraordinaires.

Ce matin, nous sommes partis sans Tony qui a préféré économiser son mollet encore fragile plutôt que de nous accompagner. Après le franchissement des eaux brunes du torrent qui descend de Plaza Francia, le chemin serpente à travers toute une gamme de rochers. Superposées en strates de différentes couleurs, les montagnes qui nous entourent ressemblent à des mille-feuilles. Côté végétation, seuls les lichens blancs qui bordent les rares sources d'eau mettent un peu de vie dans le paysage. Dans cet aridité ambiante, nous nous livrons au fil du parcours à de véritables séances de géologies. Mais, comme aucun de nous ne possède de réelles connaissances en la matière, la leçon de chose est plus souvent frustrante qu'enrichissante. Heureusement, il nous reste la contemplation…

600 mètres plus haut, la pente diminue et laisse place à un vaste plateau rose, vert, brun, parfois gris. Nous sommes à 4000 mètres d'altitude et déjà, sur la gauche, la face sud de l'Aconcagua perce de blanc un ciel sans tache. La moraine que nous longeons se transforme maintenant en glacier, lacéré par d'impressionnantes crevasses. A mesure que nous avançons, la face du géant se dévoile et nous ne nous arrêtons pas avant de la voir dans sa plus complète nudité. Quelle est belle! Elle est noire de roche, blanche de séracs, posée sur un plateau rouge, bordée de vert, d'ocre, sous un ciel bleu. Cependant elle n'a pas l'air commode. Elle est désirable mais n'inspire pas confiance. Aux jumelles, elle me fait penser à une sorcière. De la terre mêlée à de la glace coule en cascade le long de ses rochers noirs, comme la cire d'une bougie coule le long d'une bouteille. La face n'est pas très enneigées et la roche noire fait encore plus ressortir son côté lugubre.

Pas très engageante visuellement, elle l'est encore moins de réputation. Le Français qui nous a rejoint sur notre mirador nous conte une partie de son histoire. Il paraît que deux Brésiliens gisent encore morts au bout de leur corde, l'un penché en avant, l'autre en arrière. Personne n'a pu les décrocher de l'emprise de la montagne. Pas même l'hélicoptère de l'armée qui s'est crashé en tentant de couper la corde, au moyen de ses pales. Exagération ou non, c'est la deuxième fois que nous entendons cette histoire.

Encore impressionnés de ces récits, nous descendons vers le camp pour retrouver un Tony, ravi de nous voir, tant il aime la compagnie. Le soir, après un bon risotto, nous irons encore boire quelques bières au poste de contrôle du camp. Rien de tel pour bien dormir.

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