Jour 7 : Transport de matériel vers le camp d'altitude
5h00 du matin,
je me lève pour la deuxième fois. Deux fois déjà que je dois m'extirper de
la chaleur d'un sac de plume pour satisfaire un besoin naturel. L'air très
sec m'oblige à boire beaucoup et j'en fais les frais. Dehors, ça caille,
mais la beauté du ciel me fait oublier un instant la morsure du froid. La
voie lactée traîne son panache blanc de la Croix du sud jusqu'à
Orion. Le ruisseau lui, a gelé pendant la nuit, plongeant le camp dans le
silence. Aucun nuage ne recouvre le sommet. C'est bon signe. Je m'aperçois
aussi que la difficulté de quitter son sac n'est rien face au bonheur de le
retrouver, le cœur et la vessie légère. Au réveil, Tony et Pierre-Yves
n'ont pas la mine des grands jours. Ils ont fait de l'apnée toute la nuit,
ce qui les a inquiétés.
Tactique du jour: monter un maximum de matériel (tente, réchaud,
casseroles, nourriture…) en prévision des nuits que l'on passera en
altitude, au camp I. Pour ne pas monter trop vite, nous monterons jusqu'à
"Canada", à un peu plus de 4800 mètres et nous planquerons le
matériel. La montée est agréable, il fait bon et nous gagnons rapidement du
dénivelé. Deux heures de marche nous seront nécessaires pour atteindre le
petit plateau de Canada, qui surplombe le camp de base. L'altitude ne nous
affecte pas, nous laissons nos affaires sous un tas de cailloux avant de
redescendre tranquillement. Dans la descente, nous rencontrons le Français
que nous avions croisé à Plaza Francia (jour4), celui qui nous avait conté
l'histoire des Brésiliens pendus dans la face Sud. Il est chargé comme une
mule et s'en va camper à Canada. Il a conscience de brûler un peu les
étapes, mais il ne supportait plus l'ambiance du camp de base. On faisait
trop la fête à côté de sa tente et, plutôt que de déménager, il a préféré
monter. Bonne chance.
Au camp, mes voisins tchèques sont partis, laissant un bel emplacement pour
une tente. Tony se l'approprie illico et abandonne sa belle muraille à de
futurs châtelains. Ensuite, nous préparons le repas du soir. Au menu:
petite salade de légumes sur son lit de thon - pommes de terre rissolées
dans une réduction d'oignons et de petits lardons - salade de fruits à la
giclette d'abricotine. Nous invitons Bruno qui nous met encore à
disposition sa tente, ses casseroles, son gaz… son restaurant. Une
fois encore, les voisins nous envieront notre sens de l'organisation.
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