Au sommet des Ameriques (11)

 

Aconcagua, le plus haut sommet des Amériques (6962 mètres)

Expédition réalisée en bonne compagnie, entre janvier et février 2000.

Journal de bord, en 14 épisodes.

 

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Jour 11 : première tentative

Cette nuit en altitude n’a pas été différente de celle d’il y a deux jours : j’ai eu autant de peine à trouver le sommeil. A 5 heures du matin, nous avons quitté notre nid douillet pour tenter le sommet. Nuit de nouvelle lune égale nuit d’encre. Difficile de trouver son chemin, mais quel ciel !

Comme Tony et moi sommes souvent prêts avant les autres, nous prenons un peu d’avance, ce qui agace Pierre-Yves. Et c’est vrai que c’est agaçant de devoir suivre une trace invisible dans la nuit pour tenter de rejoindre ceux qui sont partis avant, mais je ne peux pas m’arrêter tellement j’ai froid aux pieds. Alors plutôt que de m’arrêter, je ralentis la cadence. A chaque pas, je dois bouger mes orteils à l’intérieur de mes chaussures. Pierre-Yves et Stéphane nous rejoignent enfin. Stéphane souffre de nausées, il a terriblement mal à la tête aussi (deux symptômes du MAM, le mal des montagnes) et il décide donc logiquement d’abandonner. Nous poursuivons notre montée, le jour se lève avec le vent qui commence à rassembler un gros nuage lenticulaire autour du sommet. Berlin : 5900 mètres, sur l’un des trois abris en bois surpeuplés de ce haut lieu du bivouac, un thermomètre indique –20°. La poursuite de l’aventure devient hasardeuse. Sur la gauche, le soleil touche déjà les rochers qui surplombent le camp. Je décide de m’y rendre et je manque de me faire emporter par le vent, une fois parvenu sur l’arête. Mes pieds m’inquiètent de plus en plus et je décide de rejoindre Stéphane à Nido. Pierre-Yves et Tony monterons encore de 100 mètres avant d’abandonner à leur tour.

Dans la descente, je suis encore une fois victime d’hallucinations. J’entends comme un bruit de radio, pourtant, il n’y a personne aux alentours. Encore, car cette nuit, j’avais une petite lumière devant les yeux, comme si une lampe de poche m’éclairait le visage, alors que j’avais les yeux fermés. Bizarre, bizarre, j’en ai déduit que c’était ma bonne étoile. Dans la descente aussi, j’aperçois quelque chose d’étrange. Planqué entre deux rochers, un bonhomme me regarde fixement, sans bouger. Je m’approche et je lui demande si ça va. Il me répond : « ok, ok, il fait plutôt froid hein ? » Je suis d’accord, je lui demande s’il attend quelqu’un et il me répond : « Non, non, je me suis perdu dans la montée, mais là c’est bon, je vais redescendre.» Comme je continue, il m’emboîte le pas.

Au camp, Stéphane est au chaud dans sa tente, il a toujours mal à la tête et envisage de redescendre au camp de base. Je passe un moment avec lui. A l’exception des petits doigts, mes orteils sont bleus, durs et froids. Je les enveloppe dans une bonne paire de chaussette et les fourre dans mon duvet. Je somnole quand Pierre-Yves et Tony arrivent. Tony est stressé, il a aussi mal à la tête et veut à tout prix redescendre. Il descendra avec Stephane d’ailleurs. Pierre-Yves hésite, il a comme moi peur de manquer un créneau météo et une bonne occasion de tenter à nouveau le sommet demain. Nous restons… le temps d’une sieste, car le vent redouble de violence et les nuages n’annoncent rien de bon. Et nous descendons!

A Nido, Daniel, un guide local, nous conforte dans notre décision. L’île de Paques a subi une grosse tempête ces derniers jours et la perturbation arrive maintenant sur nous. Notre moral et notre envie s’effritent un peu. Ce soir, nous partagerons notre risotto à des Catalans qui nous partageront leur cassoulet.

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