Jour 8 : Une nuit dans la tempête
Il faut être
fou pour venir ici! L'altitude nous empêche de bien respirer et nous donne
des maux de tête. La montée jusqu'au camp d'altitude, avec plus de 20 kilos
de matériel sur le dos, nous a pompé passablement d'énergie. Le froid et le
vent ont aussi fait leurs effets alors que nous tentions de dresser nos
tentes. Et maintenant que nous pensons être au chaud, le vent se change en
tempête, la tente vibre de partout et faire à manger tient du
miracle. Arriverons-nous encore à dormir, à récupérer? C'est pas sûr.
Nido del Condor, il nous aura fallu un peu plus de 5 heures de marche pour
y parvenir. A Canada, nous avons récupéré le matériel laissé hier, et
l'avons transporté jusqu'ici. Puis, nous avons monté nos tentes dans la
tempête avant de la subir et de plonger dans une véritable machine à laver.
Un grondement lourd prévient les rafales qui déferlent avec violence
sur nos abris de toile. Tout bouge, tout vibre, sans que l'on puisse rien
faire et puis, elles passent. La discussion reprend, un vrombissement la
suspend à nouveau, les regards s'assombrissent. Elle passe encore et l'on
se dit qu'il vaut mieux ne pas être seuls dans des moments pareils. C'est
pas de chance, il a fait beau tous les jours sauf aujourd'hui et c'est le
jour que nous avons choisi pour passer une nuit en altitude. Mais qu'est-ce
qu'on fait là?
Je me glisse plus profondément dans mon sac de couchage vers je ne sais
quels rêves, tant j'ai l'impression de déjà les vivre. Le sommeil ne vient
pas et, comme je me retourne, j'aperçois de la neige sur le sac de
Tony. La bouche d'aération de la tente est ouverte. Le vent pousse la neige
à l'intérieur et le deuxième rempart de toile la filtre. Il faut sortir,
remettre les chaussures, enfiler des couches, prendre son courage à deux
mains et s'extirper du nid. Que la montagne est belle! Eh bien oui, dehors,
elle est magnifique. La nuit tombe, le plateau du Nido est recouvert d'une
fine pellicule de neige et, en bas dans la vallée, le soleil ajoute de
belles couleurs aux nuages qui se retirent. Le beau temps reviendrait-il?
Pas le temps de faire une photo: trop froid, trop de vent, trop d'efforts,
je dois parer au plus pressé. Echange de commentaires avec Pierre-Yves et
Stéphane qui gardent le moral et je me paie encore un tour de machine à
laver.
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