Jour 2 : Journée d'acclimatation à Puente del Inca
La nuit dans
la caserne a été excellente. Bonne surprise pour chacun de nous, personne
ne ronfle. C'est suffisamment rare pour être relevé, surtout en montagne.
Par contre, le petit déjeuner servi par Pablo nous a laissé comme souvenir
celui du manque: un café au lait et trois petits biscuits.
Pas déprimés pour si peu, nous voilà partis pour une belle journée de
balade à travers des paysages arides mais très variés. Tout de suite
derrière la caserne, un chemin muletier nous fait prendre rapidement de
l'altitude. Au détour d'une butte, dans une solitude absolue, des mules
en totale liberté broutent calmement de maigres touffes d'herbe. Nous
pensons, prétentieusement, mettre un peu de vie dans leur journée
solitaire, mais de toutes celles que nous croiserons, aucune ne nous
gratifiera d'un regard. Ça ne fait rien. Le paysage lui, nous parle.
Silencieusement, mais en écoutant bien…
Nous voilà sur le sommet que nous convoitions. Le spectacle est grandiose.
Devant nous deux belles montagnes, Los Penitentes (4351m), el Cerro
Quebrada Blanca (4203m) surplombent le fond d'une vallée, avec le
village de Puente del Inca, le poste frontière argentin qui retient déjà
une longue file de voiture. Derrière nous, des nuages masquent la vue sur
l'Aconcagua mais pas la longue vallée de l'Horcones qui y mène. Sur la
droite en bas, la lagune émeraude qui marque l'entrée du Parc provincial de
l'Aconcagua change de couleur au passage des nuages, alors que plus haut,
des sommets enneigés et inconnus s'étendent à perte de vue en direction du
Chili. Enfin, si l'on regarde à gauche, on aperçoit tout le chemin parcouru
depuis l'entrée de la profonde vallée de Las Cuevas. Si pour la montée nous
avons suivi le fil de l'arête, pour la descente nous avons pris la "directissime",
soit une ligne droite tirée entre le sommet et la caserne, ce qui nous a
fait gagner du temps mais inhaler aussi pas mal de poussière.
A Puente del Inca, il n'y a pas grand chose à faire. Cependant il y a au
bord de la route, une petite bâtisse en tôle qui fait office de restaurant.
Ici, on mange des "superlomitos" et c'est super bon! La
recette est simple: un steak de bœuf argentin, une tranche de fromage
qui coule, une feuille de salade, une rondelle de tomate, une omelette
entre deux tranches d' un pain chaud. Ça à l'air simple, mais la conviction
de servir le meilleur "lomito" d'Argentine et la chaleur du
service, le rend encore meilleur. C'est aussi le rendez-vous des
alpinistes. Aucun de ceux qui partent ou qui reviennent de l'Aconcagua ne
failli au "lomito." Aujourd'hui, nous faisons la connaissance de
Martin Schmidt et son client, très éprouvé par la réussite du sommet.
Martin est à sa 26ème expéditions à l'Aconcagua et son palmarès nous fait
rêver. Il a réussi l'Everest et surtout le K2 qu'il a gravi en compagnie de
Rob Hall, tristement célèbre depuis la parution du livre "Tragédie à
l'Everest", de John Krakauer. Nous rentrons à la caserne pour
découvrir que 25 cavaliers ont envahi l'étage qui nous était jusqu'ici
réservé.
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