Les photos sont enfin disponibles

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A tout bientôt.






    11 août 2004

Que de chemin parcouru depuis une semaine!

Nous avons plié le camp de base en pleine tempête et marché toute la journée sous la neige et la pluie. Le lendemain, comme pour nous narguer, le soleil a tapé dur dans un ciel sans nuage (ça ne nous est arrivé que 5 fois en 5 semaines). Pendant ce temps et dans notre dos, le Broad nous a dit bye bye durant 50km de moraine... Le 3e jour a été aussi chaud et aussi long que la veille. Sur la carte, 150 km, la réalité des montagnes russes, des fonds de vallées et l'état de nos pieds nous font penser que les cartographes devraient mesurer le terrain à pied plutôt qu'en hélico.
Après les pieds, les fesses! Deux jours de bus, de 6h du mat à 7h du soir, pour 400km par jour... ça donne la mesure de la Karakorum Highway. Heureusement, il y a eu deux nuits au Shangrila, sympathique étape lacustre où nous avons redécouvert le plaisir d'un bon lit de bois. Enfin pas tous, car Claude a préféré son thermarest! Non pas qu'il fasse du zêle mais il a le dos complètement bloqué.
Puis les parenthèses tombent et nous plongeons dans un autre dépaysement: celui des camions bariolés, celui de la grande ville, de la pollution et du bruit, celui des grillades de poulet, des curry, de la piscine de l'hôtel, celui des problèmes adiministratifs, du pognon... et celui d'internet.
Et là, c'est le choc!!!!
Tous ces messages d'encouragement, d'amitié, d'amour, de conseils, d'humour... et autant, c'est fabuleux! Je referais une expé juste pour ça. Peut-être que c'est ça finalement que nous sommes venus chercher: la preuve que l'on existe dans le coeur des autres! En tout cas moi, c'est ça que j'ai découvert. Vous êtes extraordinaires, merci à tous. Nous vous embrassons tous très fort et vous donnons rendez-vous bientôt... pour le film.
Ciao

Alain

P.s. Quand les compagnies aériennes et les petites copines y mettent du leur... ça donne un retour avancé. Plutôt que de rentrer dimanche, nous serons à Genève... vendredi 13 à 18 h 15.




    2 août

Reposés de notre retour épique des camps d’altitude, nous démarrons le 4 la marche de sortie. Nous repartons déçus de ne pas avoir atteint la cime mais fiers du travail effectué sur ses flancs.
Comme une femme pudique, le Broad Peak nous a dévoilé tous ses charmes par bribes mais ne s’est pas laissé conquérir. Le cache-cache météo n’a fait qu’accroître notre désir de l’amadouer. Emportés par la dynamique de nos succès passés, nous pensions que la belle s’offrirait à nous sans se rebiffer. Mais nous avons dû augmenter notre engagement, élever notre niveau, peiner sur ses flancs, prendre des risques. Malgré tout, elle s’est refusée. Enveloppée dans ses voiles de nuages et protégée par des vents violents, elle a utilisé la neige et les avalanches comme défense.
Petit à petit, elle a usé nos forces, émoussé notre hargne. La montagne n’a pas été sensible à quatre gars arrivant exténués aux camps d’altitude avec 20 à 25 kg sur le dos. Nous avons joué sur le capital sympathie pour l’attendrir. Mais cette année, pour la conquérir, il fallait des moyens professionnels avec tout le support technologique et logistique possibles, une grande équipe avec des porteurs d’altitude pour profiter de la dynamique de groupe et utiliser tous les créneaux de beau pour pousser vers le sommet.
A côté de cette grosse machine, nous préférons notre petit groupe. Nous avons vécu des moments très forts à essayer de charmer la belle qui hantait nos nuits depuis des mois. L’altitude, la fatigue, l’éloignement ont décuplé les émotions.
Merci à tous de nous avoir permis de vivre ces moments magiques. Vous étiez avec nous sur la montagne…

Pierre-Yves





    1er août

Rebonjour à toutes et à tous !
Un bonjour plein de bonheur car nous avons retrouvé notre camp de base tous sains et saufs, mais un bonjour empreint d’un peu de tristesse de n’avoir pas pu fouler la cime du 8000 m de nos rêves.
Nous sommes partis pour une directe camp de base - camp 2 à 6200m d’altitude avec cinq jours de gaz et de vivres. Nous retrouvons nos tentes légèrement affaissées sur les socles que nous avions tous les quatre tant bien que mal bâtis sur cette arête aérienne tout au bord d’une immense corniche. Nous avions besoin d’un beau soleil pour progresser. C’est une tempête de neige avec des vents de 100 km/h qui nous accueille. Seule la voix chaude et pleine de bons conseils d’Alain à la radio nous relie encore à la réalité. Nous sommes les derniers à faire le siège de la grande montagne et nous sommes bien déterminés à y parvenir. Mais après trois jours de ce régime, la neige au-dessus du camp 2 s’accumule et s’accumule et, dans nos tentes, nos forces physiques et morales diminuent. Nouvelle tempête. Pierre-Yves a peur que je m’envole car il voit ma tente monter et descendre au gré du vent. Et voici que nos minuscules plate-formes s’effritent à vue d’œil, comme nos derniers espoirs.
Démontage de la première tente. Puis nous nous enfilons tous les trois dans la deuxième, accrochés l’un à l’autre pour nous réchauffer. Pierre-Yves a un léger MAM, Claude est fort comme le Yéti et moi, après deux regards, je m’échappe le plus rapidement possible vers le bas sans finir d’aider au démontage de la seconde tente car je ne sens plus ni mes orteils ni mes doigts.
Rappel, descente lente, tellement lente, nouveau rappel. Nous sommes chargés comme des yacks. 25 kg chacun ! Vite ! Retrouver le camp 1. Rappel encore et, vers 5800 m, le vent qui faiblit… La température permet à nouveau à nos extrémités de retrouver un peu de sensations. Ouf ! Pierre-Yves et Claude me rejoignent avec des gueules pas possibles. On se sourit un peu… On a échappé au piège du vent et du froid.
Camp 1. Démontage des tentes et encore du matos à tirer en-bas. Comment allons-nous faire ? Vraiment aucune envie de remonter chercher tout ça. Notre ingénieur Pierre-Yves nous invente d’énormes sacs que nous faisons glisser dans les parties neigeuses au bout d’une corde accrochée à nos baudriers.
Pierre-Yves prend la tête pour la deuxième partie de la descente. Il va voir deux relais lui sauter à la figure. A chaque fois, beaucoup de chance ! Ensuite, un relais entier m’explose, complètement pourri, dans les doigts. Je plonge sur les gros blocs pour les retenir mais le reste part. Je hurle. Au-dessous, Pierre-Yves évite l’avalanche de pierres mais la corde, dix mètres au-dessous de Claude et moi, est sectionnée. Débarrassage attentif, sans assurance pour nous deux.
Puis nous retrouvons tous les trois avec joie notre précieux Alain. Le sacré pote qui a réussi à convaincre le cuistot, son commis et notre officier de liaison de l’accompagner au pied des cordes fixes pour nous soulager d’une bonne partie de tout ce poids. La tension se relâche enfin, mes yeux se brouillent. Alain, attentionné comme une maman, nous fait même la surprise d’un verre de coca et prend bien soin de nous, le bougre !
Félicitations au Néo-Zélandais Jim, à l’Iranien Mehdi et aux deux Canadiens qui ont réussi le sommet. Chapeau ! Les seuls des septante alpinistes que nous étions à réussir à fouler la cime. Un tout grand bravo les gars !
Quant à nous, nous sommes heureux d’avoir vécu cette belle aventure. Nous avons été tous les cinq au bout de nous-mêmes, au bout du monde, au bout de l’amitié. Il nous manque le plus important : le bout du Broad Peak. Celui-là, j’en ai assez bavé pour l’avoir en moi. Un sacré pari que j’ai perdu là… Allez va, avec le sourire et l’envie que je sens, je suis sûr que je vais me refaire !
Et puis… On se réjouit de revoir la première fleur, de retrouver enfin ceux que l’on aime…
A tout bientôt.

Tony



    Vendredi 30 juillet

Ça n’a pas manqué ! La nuit dernière, les tantes du camp 2 ont été secouées comme des pruniers. Après la neige, le vent ! Les copains ont décidé de passer encore une nuit au camp 2, histoire de tenter un dernier baroud d’honneur. De mon côté, je suis allé avec Ali au camp de base du K2 pour prendre des nouvelles. Peu de changement depuis notre dernier passage. Le camp se vide, tout le monde est à la recherche de porteurs. Je croise Hansen, le toubib mais néanmoins client de Kari Kobler. Il a réussi le K2 mais jure de ne plus revenir sur un 8'000. C’est vrai qu’après le K2…
Kari, n’a pas réussi le sommet mais a placé 14 de ses clients et sherpas au sommet, une belle réussite ! Hansen me montre la dizaine de graphique météo qu’il reçoit de Berne. Ils correspondent à ceux de Yan en plus technique. Le temps se gâte jusqu’au 1er - 2 août, pour faire suite à une lente amélioration. Je pense donc que les potes abandonneront demain. Parmi les connaissances je croise Marco qui, victime d’un virus, a abandonné au camp 2. Tarcisio a dû laisser ses chances de succès de côté, pour sauver la peau du célèbre espagnol Oiarzabal, laissé pour mort au camp 4. J’ai vu les photos de ses pieds et de ses mains. Je pense qu’il en a fini avec les 8'000, lui qui a peut-être le nombre le plus élevé de 8'000 au monde à son actif. Dans les bonnes nouvelles, Daniel a dû réussir son K2 et pour l’instant il n’y a pas de mort à déclarer. Un vrai miracle avec tout ce monde. Je vous souhaite à tous un bon week end.
A tout bientôt ! Ciao !

Alain



   

29 juillet

Voilà, ça y est, ils sont partis hier à six heures du matin vers le camp 2.
Moi je reste là avec la cuisine et l’intendance. Je les regarde longtemps disparaître dans cette mer de glace tant de fois parcourue et, à chaque crête de vague, je leur lance un salut plein d’envie.
Pourtant, en regardant bien, je pourrais préférer le confort du camp de base. Dix heures de montée dans des pentes très raides, une météo qui tourne à la neige, les dangers de la très haute altitude, les imprévus, porter, faire chauffer de l’eau toute la journée, faire à manger… Alors qu’ici, j’ai une tente trois places que pour moi, un pc avec une dizaine de films, 40 giga de musique, toutes sortes de bouquins, du plus léger au plus sérieux. Le moindre des mes désirs est exécuté avec la mention encore toute coloniale : « Yes, Sir. No problem, Sir ». Mais tout le confort ne vaut pas le parfum de l’aventure… Ma rage passe dans le backgammon. Je leur à tous appris à en jouer et je les ai tous râclés !
Mon calme revient lors des contacts radio. J ’écoute, conseille, encourage et leur passe la météo que je viens de recevoir par sms. Pas terrible, la neige revient… Elle est même venue avec une demi-journée d’avance, ce matin.
Incroyable. Yann, qui nous envoie la météo de Chamonix, ne s’est trompé depuis bientôt un mois qu’il nous envoie ses bulletins, que sur deux demi-journées. Yann, tu es une star, un vrai plus pour une telle expédition. Au nom de tous les copains, je t’envoie l’accolade pakistanaise.
Hier c’était aussi le jour de la première victoire sur le Broad Peak. Quatre personnes ont réussi le vrai sommet, les premiers depuis bien longtemps. Il y avait un Iranien, deux Canadiens et un Néo-Zélandais.
Aujourd’hui les copains resteront au repos au camp 2 avant de monter les tentes un peu plus haut, demain. Heureusement, car cette nuit il y a eu de la neige et de forts vents.
Voilà, c’est tout pour l’instant.
A tout bientôt. Ciao !

Alain






    26 juillet

Journée particulière : celle où mes chances d’aller au sommet sont ruinées, celle où tout un plan de rêve et de travail s’écroulent, comme ça, sans prévenir, sans comprendre pourquoi cela me tombe dessus. Il me reste à accepter et à transformer l’échec en succès. Celui-ci repose désormais sur les épaules des copains.
Début d’œdème pulmonaire plus inflammation intercostale, voilà le diagnostic du toubib appelé aujourd’hui.
Œdème car, avant-hier, je n’ai pas fermé l’œil au camp 2. Tout allait pourtant bien. Je suis monté doucement, avec du poids mais doucement, j’ai longuement pellé et piqueté une plate-forme pour installer nos tentes. Je suis déjà monté plus haut, aussi… Qu’ai-je fait de trop ou de pas assez ??? Descendre tout de suite a été salvateur mais reste une belle bronchite !
Inflammation costale : sans doute le fait d’avoir porté et porté des sacs remplis de notre confort minimum (nous sommes la seule expé à ne pas utiliser des porteurs d’altitude).
La douleur était déjà là, insignifiante. Elle a grandi avec l’altitude, les efforts … les massages des copains… Ou quand le bien est l’ennemi du mal.
Les lectures de ces grandes expéditions nationales me reviennent à l’esprit. Après tout, Hint à l’Everest, Dyrrenfuth et Herrlikhofer au Nanga Parbat ne sont pas allés au sommet. Ils menaient leurs troupes depuis le camp de base. C’est aussi le cas de Bolenza, actuellement au K2. Maigre consolation, mais consolation tout de même !
Les copains m’investissent de ce nouveau rôle, me reconstruisent le moral, me promettent d’être des dieux là-haut… et de me rapporter trois cailloux ! Alors, comme le rôle change, le moral revient.
Vous en bénéficierez aussi car j’aurai ainsi plus le temps d’animer le site.
A tout bientôt.

Alain

Nota bene : Le 26 juillet, c’est aussi le jour où les membres d’une expé espagnole et d’une expé italienne ont mis le pied sur le sommet du K2, ce qui n’avait pas été le cas depuis 2001.


   

25 juillet

Chers amis,
Même au bout du monde, nous sommes raccrochés aux adages des Anciens. Hé oui, la lune :
elle est devenue montante le 20 juillet et depuis, la météo semble s’inverser. Alors que durant près de trois semaines, nous n’avions pas eu un seul jour sans neige (petite quantité de neige tout de même !!!), voilà qu’un soleil de plomb purge tous les couloirs du Broad Peak.
Bien sûr, cela fait nos affaires.
Le 22, nous avons passé une nuit au camp de base avancé. Le 23, une nuit au camp 1 et le 24, nous avons installé le camp 2. Quant à aujourd’hui 25 juillet, nous sommes redescendus au camp de base pour nous octroyer deux jours de repos. L’occasion aussi pour Alain de faire un point santé car une douleur dans les bronches se fait sentir.
Sinon, l’acclimatation suit son bonhomme de chemin malgré le retard pris à cause du mauvais temps.
Après ces deux jours de repos, nous allons partir à l’assaut du sommet tout en espérant que le soleil continuera d’illuminer cette magnifique montagne.
Toujours en pensées avec vous et avec Florian qui va incessamment rentrer dans la vie active.
On vous embrasse bien fort.
A plus.

Claude



   

Mercredi 21 Juillet

Hier soir nous avons eu une longue discussion sur la stratégie à adopter pour la suite de notre expédition. Il nous reste 15 jours pour monter le camp 3 et faire une tentative vers le sommet. Cela semble beaucoup, mais en réalité nous n’avons plus un jour de réserve. Les allées et venues entre les camps nous prendront tout le temps. De plus, la neige tombée en abondance, plus d’un mètre au dessus du camp 2, ne nous aide pas. Nous devons attendre que les couloirs à avalanches se purgent. Sinon, chaque traversée devra être analysée minutieusement, le risque étant multiplié par dix. Nous allons devoir jouer avec la météo, qui ne nous laisse jamais plus d’une demi-journée de répit avant que la neige et le vent reviennent.
Malgré tout, notre moral reste bon, notre équipe n’est jamais meilleure que lorsque qu’elle est obligée de trouver des solutions originales pour s’en sortir. Après avoir discuté de notre stratégie, nous avons encadré une phrase : « PAS DE COMPROMIS SUR LA SÉCURITÉ !». Ces 15 prochains jours doivent rester une belle aventure. Si la peur nous accompagne à chaque pas, le plaisir n’est pas là. Nous avons toujours privilégié le plaisir ce qui nous a permis de grimper tant de beaux sommets. Nous partons demain pour le camp 3, vous n’aurez donc plus de nouvelles pendant environ 1 semaine. A tout bientôt.

Pierre-Yves


   

19 juillet 2004

Un grand et beau bonjour du camp de base ou le mauvais temps fait rage depuis 8 jours. Samedi passé, n’y tenant plus, nous avons fait un « quick », jusqu’au camp 1 pour y porter nourriture, tentes d’altitude, gaz et « matos ». Nous avons remonté une goulotte très technique et engagée sur 300 mètres, Pierre-Yves en tête, Alain caméra en mains, conduisant au pied même de la directicime du Broad ça va être frissons garantis. Ensuite, nous nous sommes retrouvés de dos au camp 1, dans la tempête. Claude et moi avons passé une nuit horrible la tête hors de la tente qui était bien trop petite pour nous. Rires et cauchemars assurés.
Retour au camp de base. Tous les météorologues s’accordent à prévoir un temps splendide du jeudi 22 au dimanche 24 juillet. Des 9 expéditions qui tentent le Broad, nous ne sommes plus que 3. Ce sera l’occasion pour nous d’installer le camp 3, quant aux 2 autres expéditions arrivées 3 semaines avant nous, elles tenteront leur dernier assaut, avion oblige. Les 70 grimpeurs des différentes expés qui attendent depuis plus d’un mois au pied du K2, vont également profiter de ce créneau pour atteindre la cime. Aie aie aie !!! espérons que tout se passe bien également pour eux, mais la foule est un important facteur d’incident en montagne. Sinon ici on tient la route, on tient le moral et on tient les paris… On est une putain de bonne équipe !!!Becs à Flo, à bientôt, on vous aime…

Tony

    16 juillet 2004

Le temps est au mauvais depuis 3 jours. Rien de trop méchant mais il nous empêche de monter. Le temps pour nous de bâtir le plus beau camp de base avec muraille, chemin, drapeau, monument. Le temps de ré-asseoir sa tente sur un glacier mouvant. Le temps des rencontres avec le passage de maints visiteurs attirés par l’hospitalité de notre camp. Le temps de visiter le camp de base du K2, transformé pour son 50ème anniversaire en fête foraine. Le temps de rendre hommage sur le mémorial Gilke, le temps des légendes : Mehrban Sha, premier pakistanais au sommet du K2 avec qui nous passons une journée rayonnante de bon sens et d’humour. Le temps de lire, le temps de ne rien faire aussi, le temps des remises en question, le temps du doute est-il proche ? Vite, il faut remonter car le temps nous est à tous compté.

Alain



   

13 juillet 2004

Depuis notre arrivée au camp de base notre programme s’est bien déroulé. Aidés par une météo clémente, nous avons installé le camp 1 à 5’350 mètres et avons stocké le matériel du camp 2, juste en dessous de 6'000 mètres. L’ascension ne nous laisse aucun répit. Depuis le pied de la montagne, équipés de crampons, piolets, baudriers et casques, nous grimpons des pentes de 45° à 50°. Les seules parties planes sont les camps surchargés. La difficulté se mêle au plaisir. La montée au camp 1 nous a permis de découvrir une goulotte magnifique mais exigeante. Les moments de joie se mêlent aux moments de tristesse. Florian, blessé à une main, a dû nous quitter et rentre actuellement en Suisse. Le 12 juillet, date de mon anniversaire, mes amis m’ont offert un moment magique en face du K2, avec de multiples cadeaux mais le plus précieux, 10 minutes de conversation téléphonique avec la personne de mon choix.
Aujourd’hui nous nous sommes retranchés au camp de base car la météo s’annonce difficile jusqu’à dimanche. A ce jour, aucun sommet de 8'000 mètres n’a été atteint dans le Karakorum malgré un nombre d’expéditions record.

Pierre-Yves






   

11 juillet

A vous qui attendez avec impatience des nouvelles du toit du monde, à vous
parents, amis, connaissances ou collègues.

Alain m'a appelée avant-hier vendredi pour me dire qu'ils avaient des
problèmes avec la connexion internet et qu'ils seraient désormais dans
l'impossibilité de recevoir des mails ou d'actualiser le site au gré de leur
progression.

Voici donc en bref quelques nouvelles du « front ».

Tout le monde va très bien et mis à part quelques problèmes digestifs
entraînant parfois un besoin urgent, tous sont en pleine forme et profitent
un maximum des magnifiques paysages parcourus. Le timing est respecté mais
la météo n'est toujours pas optimale : en effet, les flocons de neige
tombent tous les quatre à cinq jours et recouvrent impitoyablement toutes
les traces!

La longue progression amenant notre fine équipe au camp de base est
désormais terminée. La journée de samedi a été consacrée à une petite marche
d'acclimatation jusqu'au camp 1 tandis que la journée d'aujourd'hui a été
consacrée au repos. A partir de demain lundi, Cento, Claude, Florian,
Pierre-Yves et Alain remonteront jusqu'au camp 1 et, de là, rejoindront
l'emplacement du camp 2 qu'ils installeront. D'ici vendredi, ils seront de
retour au camp de base car le temps devrait à nouveau se gâter.

Voilà. J'espère que j'ai traduit fidèlement le récit qui m'a été fait via le
téléphone satellite. L'appel s'est terminé en queue de poisson. Pas le temps
de transmettre des gros becs à tout le monde. Je prends la liberté de
l'écrire car je suis persuadée qu'ils le pensent tous très fort !
A bientôt.

Karine





    3 juillet 2004 - Payu camp

Bonjour à tous,

Batterie oblige, juste ce petit mot durant notre longue marche d'approche d'une semaine. Cela fait deux jours maintenant que nous marchons quotidiennement 8 heures. On pourrait croire de tout là-bas que c'est une corvée, mais non c'est un plaisir ! Rythme lent, soleil, chaleur, paysages grandioses et pour nous accompagner toujours 90 sourires, ceux des 90 porteurs hunzas et baltis qui nous accompagnent jusqu'au camp de base. Ces hommes forcent notre admiration et le respect.

Nous 5 ici avons lu avec passion et observé avec délice les photos des paysages et sommets de cette marche d'approche et pourtant, il faut le vivre pour se rendre compte comme tout ici est démesure et de combien la réalité de ces beautés dépasse ce que l'on peut trouver dans les livres.

Ce soir nous dormons au pied des féériques Tours de Trango. Dimanche une journée de repos avant d'atteindre le camp de base mercredi ou jeudi. Nous sommes tous en pleine forme, moral à fond et impatients de découvir ce qui nous attend.

On embrasse très fort tous ceux que l'on aime et n'oubliez pas : vous marchez avec nous !

Tony



    30 juin 2004

Skardu 2400m d'altitude sur une petite terrasse surplombant l'Indus.

Quatre jours que nous sommes partis et déjà de nombreuses aventures à relater: celle du supplément de bagages, 68kg de trop; celle des négociations qui nous ont permis de nous en tirer sans rien payer; celle du sac à dos de Tony, perdu quelque part entre Londres et Islamabad; celle de notre sympathique rencontre avec Amirullah, notre représentant sur place et de Ali, le guide qui nous accompagnera jusqu'à notre retour; celle de nos repas gargantuesques sur les toits d'Islamabad; celles de nos 1ères touristas; celle de notre diplomatie calculée vis-à-vis de Waheed, notre homme de liaison; celle de l'accident d'Akbar, notre chauffeur, qui a bien failli lui coûter la vie; celle de la longue remontée de la KKH, la Karakoram highway; celle des camions peinturlurés et des ponts interdits; celle des rencontres avec un peuple bien loin des turpitudes de CNN et des mauvaises presses que l'on veut faire à ce pays; celle de nos débats sur le nom de la face du Nanga Parbat, le 1er 8000 que nous rencontrons dans notre vie; celle de ces paysages traversés, grandioses ou plutôt majestueux; celle de cette histoire qui continuera...
Les nouvelles de la montagnes ne sont pas trop réjouissantes. Il y a beaucoup de neige et la progression est difficile, mais le moral est au top et l'appétit vient en mangeant. Demain, départ pour 6 à 7 jours de trek. Salut à tous.

Alain